Roman La Poulette et le Boulanger Paris 1888

13 juillet 1888, Gautier de Saint-Chauvet assiste au duel qui oppose le général Boulanger à Charles Floquet, le président de la Chambre des députés. Le lendemain, Anne-Amelie, son épouse, l’attend vainement pour assister au défilé des troupes à Longchamp. L’aurait-il une fois de plus abandonnée pour passer la journée au bras d’une maîtresse ? Lorsque le commissaire Lauzière lui apprend, le 15, que son mari a été assassiné, c’est une délivrance, pour elle, et peu lui importe que l’enquête s’enlise, le commissaire hésitant entre affaire crapuleuse, conspiration boulangiste, prémices du scandale de Panama et crime passionnel.

Une veuve, à cette époque, est beaucoup plus libre qu’une femme mariée et Anne-Amélie entend bien en profiter, rattraper le temps perdu, quitte à s’inventer une nouvelle personnalité, celle de Nicole, une petite bourgeoise qui succombe au charme d’un bel ouvrier. Mais, attention, un tueur en série rôde. Un pervers qui s’en prend aux jeunes femmes trop libres…

Enquête au cœur d’une société en pleine mutation, au cours de laquelle on côtoie, sur les champs de courses ou dans les salons du faubourg Saint-Germain, des représentants de la bonne société parisienne, mais aussi des ouvriers, qui, en cette fin de siècle, n’hésitent plus à s’exprimer, autour d’une table dans un « bouillon » de quartier ou lors d’un « meeting » à l’hippodrome au pont de l’Alma.

À vingt-huit ans, Anne-Amélie de Saint-Chauvet avait jugé qu’il était temps pour elle de prendre un amant. Entendez par là un amant attitré. Elle avait choisi celui-là parce que ça faisait chic d’avoir un homme de lettres dans son salon, même si la réputation d’Alphonse Lebrun n’avait guère dépassé les limites du VIe arrondissement. Et un peu par défaut, aussi. Pour la bagatelle, il ne valait pas Saint-Chauvet, mais Saint-Chauvet était occupé ailleurs.

Avis & Chroniques

Double vie et secrets d’État : plongée dans ‘La poulette et le boulanger’

Un roman policier historique dans le Paris de 1888

Avec « La poulette et le boulanger », Hervé Devred nous plonge dans un Paris fascinant de la fin du XIXe siècle, plus précisément en juillet 1888. Cette période charnière de la IIIe République, marquée par l’agitation politique et sociale, sert de toile de fond à une intrigue policière captivante qui débute avec l’assassinat mystérieux de Gautier de Saint-Chauvet, un homme de la haute société parisienne.

L’auteur maîtrise remarquablement l’art de mêler enquête criminelle et reconstitution historique. Les événements politiques de l’époque, notamment la montée en puissance du général Boulanger et les tensions qui traversent la société française, ne sont pas de simples éléments de décor mais s’entremêlent subtilement avec l’investigation menée par le commissaire Lauzière, un personnage aussi méthodique qu’opiniâtre.

Le roman nous fait découvrir un Paris en pleine mutation, entre tradition et modernité. Des salons feutrés du faubourg Saint-Germain aux bouillons populaires du quartier Montorgueil, des hippodromes élégants aux ruelles sombres, l’auteur recrée avec talent l’atmosphère contrastée de la capitale. Les détails historiques précis, qu’ils concernent la mode, les transports, ou les habitudes sociales, participent à l’immersion du lecteur dans cette époque particulière.

La narration s’attache également à dépeindre les bouleversements sociaux de cette fin de siècle. Les frontières entre les classes commencent à se fissurer, les femmes aspirent à plus de liberté, et la modernité technique transforme le quotidien des Parisiens. L’enquête criminelle devient ainsi le prisme à travers lequel se révèlent les mutations profondes de la société française.

Au cœur de cette fresque historique se déploie une intrigue policière complexe, ponctuée de rebondissements et servie par une écriture précise et vivante. Les investigations du commissaire Lauzière nous entraînent dans les différentes strates de la société parisienne, révélant peu à peu les secrets et les zones d’ombre qui se cachent derrière les apparences.

Ce roman historique policier brille par sa capacité à ressusciter une époque tout en maintenant le suspense d’une enquête criminelle prenante. La richesse des descriptions et l’habileté de la construction narrative contribuent à faire de cette œuvre un témoignage saisissant sur le Paris de la Belle Époque, tout en offrant aux lecteurs les plaisirs d’une investigation policière minutieuse et captivante.

La chronique complète sur le blog « Le Monde du Polar »