
Pour le commissaire Lesueur, l’affaire est simple. Le 24 février, Hubert Dumesnil s’est querellé avec un dénommé Évariste Romorantin, poète de son état. Les deux hommes sont convenus d’un duel le 26 au petit matin. Évariste, qui n’avait aucune chance, a tué son adversaire la veille. La mort de Dumesnil n’émeut guère Valentine, sa fiancée, leur union était un mariage arrangé par leurs parents. En revanche, elle reste attachée à Évariste, qui a été son amour de jeunesse. Elle demande à Nic, son amante, de l’aider à démasquer le coupable.
Commence alors une enquête qui conduit les deux jeunes femmes à fouiller dans le passé trouble de Dumesnil. Entreprise hasardeuse, car les femmes avaient bien peu de droits à la fin du XIXe siècle. Tout se complique lorsque les parents de Valentine lui présentent un nouveau fiancé. La jeune femme est troublée… Amère déception pour Nic, qui a pris tous les risques pour aider son amie.
Enquête qui nous plonge dans la France des années 1880, au cours desquelles le pays a connu son lot de corruption, de trafics, de prostitution. Mais elle vous donnera l’occasion de faire une escapade à Pontarlier, le pays de la grande armoise, de vous initier au rituel de dégustation de l’absinthe, de visiter un orphelinat et de faire virée au Moulin de la Galette. Pour cela, il vous faudra apprendre à danser la mazurka. Un, deux, trois… Un, deux, trois…
— Hubert… Ton fiancé…
Hubert ? Qu’avait-il fait ? Madame sa mère venait-elle de s’apercevoir qu’il avait couché avec sa femme de chambre ?
— Il a été assassiné !
Un instant, on ne vit plus que le blanc des yeux de Léontine de Chailly et Valentine craignit qu’elle ne défaillît. Il n’en fut rien. Madame de Chailly était une grande spécialiste des scènes mélodramatiques.
— C’est fâcheux, dit Valentine.
Extrait
« Vous ne mesurez pas le bonheur que vous avez, ma chère ! » Anne-Amélie de Beaupré regardait Valentine avec de grands yeux inexpressifs. Des yeux d’un bleu profond, dont elle jouait en faisant des mimiques, en prenant des pauses, en clignant des paupières, car elle était convaincue qu’ils étaient la clef de son succès auprès des hommes, qu’ils métamorphosaient son visage, un visage somme toute assez banal, avec un front haut, des sourcils très noirs qui se rejoignaient au-dessus d’un nez busqué et un peu trop long, une bouche gourmande – ça, oui, ça pouvait attirer les hommes –, mais des yeux qui, en vérité, restaient inexpressifs, quoi qu’elle fît. Valentine avait une autre explication pour les succès d’Anne-Amélie. Il n’était point d’homme à qui elle résistât, fût-il de vingt ans son aîné…