Baby-boomer
Je suis né en 1953 à Douai, dans le département du Nord. Douai était une ville active à l’époque, au cœur du pays minier. Le charbon était partout : dans les poêles qui chauffaient bâtiments publics et maisons, dans les fumées qui s’échappaient des usines et encrassaient les murs de briques rouges, sous forme de scories sur les terrils, dans l’air qu’on respirait. Mon père était mineur et ma mère institutrice. J’ai grandi dans une cour d’école.
Je me souviens de l’usine Arbel (wagons, matériel ferroviaire), à deux pas du centre-ville, et du bruit de martèlement quand on passait devant. Je me souviens de notre maison, du petit jardin devant et de la cave sombre où germaient les pommes de terre qu’on faisait livrer par sacs. Je me souviens du chant des oiseaux, des bengalis, dans leur cage. Je me souviens des ducasses et des géants.
Je me souviens des repas de fête en famille, qui duraient tout l’après-midi. Je me souviens des vacances à Sables-d’Or-les-Pins, qui n’était pas encore, à l’époque, la station balnéaire qu’elle est devenue. Je me souviens de la Simca Ariane d’occasion et du voyage interminable pour aller là-bas. Je me souviens des longues siestes, en été, que nous occupions à lire. Je me souviens que nous étions heureux.
Études
J’étais un élève un peu paresseux, mais, somme toute, assez facile. L’histoire était ma matière préférée, mais, comme j’avais des facilités en mathématiques, on m’a orienté vers des études scientifiques. (Je ne regrette pas : ingénieur, ça paie mieux que professeur.) J’ai toujours conservé un intérêt certain pour l’histoire. À une certaine époque, je ne lisais que ça : Duby, Braudel, Bloch…
Parcours professionnel
Dans l’industrie. J’ai eu la chance d’avoir une carrière variée. J’ai fait des choses qui m’ont passionné, d’autres moins. Comme tout le monde !
Lectures
J’ai toujours aimé « la belle écriture », le beau style : Flaubert, Zola, Stendhal, Aragon… Pas très moderne, me direz-vous. J’avoue avoir un peu de mal avec une certaine façon d’écrire aujourd’hui, ce que j’appellerais « l’écriture à l’os ».
Mais je ne suis pas resté cantonné aux classiques du XIXe siècle et de la première moitié du XXe. J’ai dévoré Céline, Garcia Márquez, Kundera, le Vargas Llosa de la première période. Le Maître et Marguerite de Boulgakov m’a emballé, Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin, Belle du Seigneur d’Albert Cohen, Le Dernier Soupir du Maure de Salman Rushdie…
L’écriture
J’y suis venu sur le tard. Une fois à la retraite, j’ai découvert de manière fortuite un atelier d’écriture. Je me suis inscrit, sans idée préconçue. C’était pour moi une activité plaisante, mais je ne m’imaginais pas écrire un roman.
Lorsque mon père est mort, en 2022 (il allait avoir 99 ans), j’ai pensé qu’il emportait avec lui un trésor : l’histoire de sa vie, un trésor auquel je n’aurai jamais accès parce que je n’avais jamais pris le temps de l’interroger. Ou peut-être jamais osé. Sa vie n’avait sans doute rien d’exceptionnel. Elle l’était, pourtant, à l’aune de ce que nous vivons aujourd’hui.
J’ai ressenti le besoin urgent de réparer cet oubli, cette négligence de ma part. Je ne peux pas le faire revivre, alors j’ai décidé de faire revivre ses semblables au travers de fictions. Et si je parviens à intéresser des lecteurs, à leur faire aimer mes personnages, à les faire pénétrer dans leur univers, il me semble que je me serais acquitté du devoir de mémoire que je ressens en moi.
La malédiction des romans historiques
Je n’aime pas l’étiquette « roman historique ». Elle rebute la plupart des lecteurs, les intimide. J’écris des romans dont l’action se déroule à une autre époque, mais les événements proprement dits ne sont que rarement les moteurs de l’intrigue. Ce qui m’intéresse, ce sont les gens, leurs illusions, leurs ambitions, leurs relations (amoureuses ou pas), leurs déceptions.
Lorsque les événements interviennent, c’est comme révélateur de leur état d’esprit, comme l’émeute du 6 février 1934, dans Folles Années, Banalité de la haine. Ou parce qu’ils ont une incidence sur le destin de l’un d’entre eux : le coup d’État du 2 décembre 1851 dans Le Chaudron des Illusions.
Nul besoin d’être calé en histoire pour lire mes livres. Je dirais plutôt que ce sont des « romans d’époque », car j’attache beaucoup d’importance à la véracité des conditions de vie, aux conventions qui s’imposaient à la société, aux grands débats qui l’agitaient. C’est ce qui donne leur vérité aux personnages, leur épaisseur. L’évolution de Thérèse, dans Belle Époque, Expositions universelles, n’aurait aucun relief si je ne décrivais pas la société hypocrite dans laquelle elle vivait. (Au demeurant, les grandes questions qui divisaient la société à la fin du XIXe siècle ont encore des échos aujourd’hui ! Populisme, antisémitisme, laïcité…) L’histoire, oui, mais à hauteur d’hommes et de femmes.
Les polars
Pourquoi lit-on des polars ? Est-ce pour connaître le nom de l’assassin ? Non, bien sûr, sinon il suffirait d’aller à la dernière page. À quoi sert l’intrigue ? À vous happer, pour vous piéger dans un univers qui vous fera trembler ou qui vous ravira, mais que vous aimez à retrouver au fil des livres d’un même auteur. C’est l’ambiance qu’il crée qui vous rend accro à ses livres.
En ce sens, le polar n’est qu’une autre approche de l’écriture romanesque. Plus concise, plus resserrée, avec une focale différente. Car il faut mettre en place l’atmosphère qui fera l’intérêt du livre avec peu de mots, au moyen de quelques scènes. Il y a, bien sûr, des codes à respecter. Cette fameuse intrigue dont il ne faut pas perdre le fil, au risque de voir le lecteur se rebeller. « Quoi ? Qui a rallumé la lumière ? Maintenant, c’est fichu, la magie ne fonctionne plus ! » Un challenge à relever, comme on dit maintenant.
Des projets ?
Continuer, aussi longtemps que me viendront de nouvelles idées. Le Chaudron des Illusions est un premier pas de côté par rapport à la période que je connais le mieux, celle de la IIIe République. Mais pas si grand. En écrivant ce roman, j’ai été frappé par les analogies avec notre époque : l’importance du paraître, la spéculation, la brutalité des relations…
J’ai aussi en cours une uchronie, Victor Hugo et le dirigeable. Un genre différent, qui permet de questionner notre société et son rapport (houleux dans notre pays) avec la politique. Avis aux éditeurs !
En guise de conclusion
Un peu de dépaysement, ça vous dit ? Je vous offre un voyage dans le temps et de belles rencontres. Pour terminer, je ne résiste pas au plaisir (et à la fierté) de vous rapporter le commentaire d’un lecteur sur Babelio : « L’écriture fluide et évocatrice […] rend chaque scène palpable, faisant de ce roman une belle réflexion sur l’amour, la perte et la quête de soi. Une lecture incontournable pour ceux qui s’intéressent aux récits historiques riches en émotions. » (Folles Années, Le Difficile Art d’aimer)